Chintok

Et vous, est-ce que vous vous étonnez que si peu d’écrivains vivent et écrivent en Chine et que l’écrivain belge Jean-Philippe Toussaint y est traduit, fort apprécié, très fort vendu et lu? Non, avouez-le.
Or, moi, j’avoue et tout sera clair, un jour, limpide et éclairci.
Un jour, un écrivain chinois a même obtenu le prix Nobel de la littérature: Gao Xingjian; c’était en 2000. Il vit en France. Et puis, on ne le gagne pas, ce prix, on l’obtient.
Est-ce que cela implique que la littérature chinoise ne se pratique pas en Chine?
Non, elle se pratique. Par des fonctionnaires au service du parti communiste et donc de l’empire chinois. Correction: de l’état chinois. Qui n’est pas de droit.
Récemment, en 2013, un haut cadre dudit parti, candidat à la présidence, a été éliminé. Gu Kailai a été mis à mort pour qu’un autre candidat gagne son élection, réussisse à prendre le pouvoir, chinois et donc absolu.
Un tribunal l’avait condamné, lors d’un procès virtuel, pour des faits qu’un bataillon d’écrivains, dirigés à distance par le PCC, avait en partie inventés et compilés. Et hop, à mort le Chintok. Poc, la tête.
Dans le sillon de cette histoire mi- fictive, un autre Mandarin haut cadre, ancien chef de la sécurité, croyait pouvoir s’approcher du haut pouvoir. Zhou Yongkang est son nom. Pas question. Deux bataillons d’écrivains désignés d’office l’accusent de tant et de n’importe quoi:
L’agence de presse officielle exprime les charges à son encontre dans un langage inhabituellement directe: « Il a abusé de ses pouvoirs pour aider des proches, des maîtresses et des amis à faire de gros profits dans des contrats commerciaux, avec pour résultat de sérieuses pertes d’actifs de l’Etat ».
Il aurait divulgué des secrets du parti et du pays. Remarquez cet ordre remarquable des deux mots parti et pays. Le parti d’abord.
Zhou est encore accusé d’avoir « commis l’adultère avec un grand nombre de femmes et d’avoir monnayé son pouvoir en échange de sexe et d’argent ».
Le Chintok accusé de la sorte risque la prison à perpétuité voire la peine de mort. Et hop, toc, la tête du Chintok. Si cela peut relativiser cette affaire: d’autres très hauts fonctionnaires ont disparu dans les prisons de l’état, en même temps que M. Zhou.

Il y a donc une vive littérature pleine de fiction qui se pratique en Chine, mais qui n’obtiendra jamais le prix Nobel.

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