Notre passage au désert semblait ne pas finir, tout comme notre soif, lorsque nous arrivions enfin Dieu sait où. Et Dieu savait bien.
Évitant la première maison, celle d’un commissaire ou d’un lieutenant, nous aperçûmes un panneau affiché à la deuxième maison : le Mirage. Chez Mustapha. Nous entrâmes.
Énorme désillusion, apprenant qu’il ne servait que deux boissons : le thé, en mémoire de Paul Bowles, et un jus dont lui seul connaît la recette. J’avoue, nous étions ni snobs ni bourgeois mais des aventuriers ; pas de thé mais ce jus nous buvions. Après deux gorgées, notre soif disparut. D’apparence sans figure, une couleur comme un jus de cactus, le goût nous avait vaincus. Servi frais, il ne bousculait pas notre gorge si souffrante, ni notre palais si sec.
Le verre bu, nous en voulions un autre mais déjà la soif avait fait place à la faim. Mustapha devait nous désoler. « Il nous reste encore un trajet de quelques centaines de kilomètres. » « Vous allez où alors ? » Dévoilant le nom de notre destination, notre hôte affichait un large sourire. « Ceci n’est pas un restaurant. Toutefois, je peux faire une exception pour vous. J’ai longtemps habité dans la ville de votre destination, j’y suis même né. Et par la volonté de Dieu j’ai la chance que ma sœur M. est de passage. Je vais lui demander de vous faire un plat. Le temps que vous buvez lentement votre second verre. »
Après plus d’une demi-heure il nous servait un simple plat de viande hachée, au goût superbe d’épices différentes, assorti d’une salade assaisonnée richement, et d’un pain frais fait maison. Un délice lorsqu’on sort du désert comme nous.
Toutefois, la surprise était le thé que Mustapha nous proposa en fin de repas. Il contenait au moins quatre aromes et faisait oublier Bowles, le livre et le film !
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