Aujourd’hui nous accueillons un invité d’honneur, le poète belge d’expression néerlandophone Paul de Vree.
De Vree, Paul
Maakt deel uit van: Poëzie in Vlaanderen 1955-1965 Experimentelen, Tijdschrift De Tafelronde
Paul de Vree
Antwerpen, 13 november 1909 – Antwerpen, 25 april 1982
Il termine son recueil « Grondbeeldig » par un texte en français, pas un poème mais un petit essai :
La littérature
la littérature est une des maîtresses occultes de l’expression. je couche avec les mots. les sons sont comme les seins, les lettres comme la souplesse des membres. c’est vertige et extase, c’est parfois la putain, c’est combat et accouchement. les baises aussi bien que le cri. murmure, tonnerre, soleil et chaos. un extrémisme permanent coulé dans l’angoisse du stable, de l’ultra jamais ultramontain. parfois les cailloux de mes reins sociaux montent en ligne contre les vitreux, tandis que le hoola-hoop de ma tendresse fait max bill autour des vrilles de l’écriture amoureuse. et parfois c’est l’infini d’un je ne sais pas quoi qu sue une modification non terrestre, inapplicable, inattendue et terrifiante comme toute rupture. la courbe de l’abstrait éclate en aiguilles où le bonheur agonise en vue de toute la vanité, si ce n’était que les rides tricotent les filets du vide. mais l’île des mots attire comme la sibylle et le baiser mortel vient du sexe opposé à la parole.